Une coulée grenat, s'épanche sur la neige en un ballet écarlate, emportant d'un souffle nos songes du futur. Assise, animée par la colère, sur un banc de pierre, son épanouissement captif dans des jours alambiqués. Pourtant, je ne repose pas en larmes devant un sépulcre, n'hiberne pas là, dans l'ombre...
Je suis l'éthéré zéphyr, susurrant parmi les frondaisons, l'éclat diaphane d'un diamant sur l'azur glacé. Représentant la lumière solaire sur la moisson mûre, je suis la pluie automnale, douce et caressante...
À ton éveil, dans la quiétude matinale, je me transforme en l'essor de ces oiseaux taciturnes, tournoyant silencieusement dans l'immensité céleste...
Ainsi, ne persiste pas dans la douleur devant ma tombe, car je n'y suis pas, nullement mortifié ! Pourquoi m'exclure de ton existence, simplement parce que je m'esquive à ta vue ? Comprends, la mort n'est qu'une fugace transition. Je suis simplement transité de l'autre côté, je demeure moi, et toi demeures toi.
Quels que soient nos liens antérieurs, ils persévèrent à travers les éthers temporels. Pour m'évoquer, use du prénom dont tu me gratifiais avec constance. Rappelle-moi tel que tu l'as perpétuellement fait, sans altérer ton timbre, sans sombrer dans la mélancolie. Ris aux éclats, comme par le passé aux plaisanteries, qui suscitaient notre commun enchantement.
Joue, souris, médite sur ma mémoire, vis pour moi, et par extension, avec moi. Que mon prénom soit une mélodie apaisante, résonnant comme il le faisait d'antan. Articule-le avec simplicité et nature, affranchi de tout remord perceptible. La vie perdure telle qu'elle a toujours été, inaltérée, incessante, suivant son cours, le fil n'est nullement rompu, il se prolonge.
Qu'est-ce donc que la mort, sinon une traversée ? Médite, laisse les tumultes de l'existence s'écouler, pense et articule toujours mon nom autour de toi. Sois assuré, je t'entends, je réside non loin, je subsiste ici, simplement de l'autre côté.
L'éclosion s'est produite dans un rêve meurtri, où elle a versé des larmes pour la splendeur de la vie. Un papillon s'est posé sur la rétine de mon cerveau, comme si je pouvais revenir en arrière, souffler sur tes chrysanthèmes et te dire « je t'aime ».
Musique
Illustration d'après une œuvre dont j'ai perdu le nom de l'auteur...