Serait-ce un heureux jour de printemps
Vivrais-je un moment de vie indescriptible
Fenêtre entrouverte à la douceur
A la lumière blanche et printanière
Au cri de rut d’un « ruit… pchuîît »
J’écoute le chant vigoureux d’un pinson
Perché là-haut le dos brun-noisette
Sur la plus grande branche du chêne vert
Le pinson mâle a la gorge rosâtre
Au front noir guette la femelle
Au plumage brun-olive virevolter
Au-dessus des buissons du jardin
Où les roses attendent les beaux jours
Serait-ce un heureux jour de printemps
Fenêtre entrouverte à l’harmonie
L’eau fraîche de la fontaine rigole
Le soleil n’a pas encore percé la haie
Des pétales agrémentent le vase rouge
Il repose sur le rebord de l’escalier en pierre
Il est encore vide dans son cœur
Juste léché par la rosée matinale
Serait-ce une journée pas comme les autres
Fenêtre entrouverte sur l’horreur
L’indescriptible a encore frappé
Ce matin dans une rue un attentat
Sur le trottoir devant une école
Jonchent des enfants des innocents
Une nuque rouge baigne dans son sang
Doit-on fermer toutes les fenêtres
Ou les ouvrir pour écouter tous ses cris
Désespérés écœurés pour oublier et prier
Doit-on juger l’homme dans son enfer