Même si l'horreur s'accumule
Une guirlande électroluminescente
Bleue blanc rouge souligne le grand buffet
Soudain la voix du grand-père
Accrochée au mur
À côté de la croix murmure
« Mes proches mes enfants
Je suis malade à en crever
Cette souffrance d'où me vient-elle
Est-ce les balles qui sifflent
Sur les champs désolés
Ou bien comme mes vers de novembre
C'est ma jambe de bois qui s'effeuille
Entre deux nuages de fumée
Au-dessus d'une plaine morbide
D'ailleurs je suis mort
Sur le trottoir un onze novembre »
Appelé pour la grande guerre
À la queue leu leu
Une première qui en appellera d'autres
Vierge et imberbe
Les yeux bleus la fleur dans l'âme
Poilu il est revenu fané
Tranché de la tête aux pieds
Retranché dans la mort
Sans Dieu ni loi ni foi
Il a mangé des rats
Du plomb
Baigné d'eau sanguine
D'eau-de-vie singulière
Il s'est dissous un jour commémoratif
Un survivant parmi les morts
Il revenait du banquet des anciens combattants
J'avais treize ans
Deux mille quatorze changement de buffet
Il est plus petit et cosmopolite
La folie perdure et cuisine
Des raisins de la colère
Des vers des mûres des dattes
Des mœurs de quelques brebis galeuses
Des œufs de cochon pour les lunatiques
De la soupe de nouille au bœuf
Pour la chèvre sur son tapis volant
Des champignons hallucinogènes
Aux pieds d'un bouddhiste indigène
Et je vois au-dessus du port-salut
Le départ d'un politiquement déchu
Des pieds paquets dans des chaussures sur-mesure
Des bombes humaines en coco Chanel
De la daube dans l'estomac d'une hirondelle
Des pieds noirs kurdes afghans
Jouer à cache-cache
Autour d'une plume de faisan
Des pieds d'enfants inconnus
Voguer sur une coquille de noix
Entre une louche et un couteau
Des pieds plats fouler une fourmilière asiatique
Ce n'est pas fini il y a le dessert
Des collabos des salauds des zozos des bobos
Des pieds bots des estafettes
Des noms d'oiseaux des pique-assiettes
Des pieds nus un dernier cul nu
Des sans papiers des réfugiés des humiliés
Des touristes des journalistes des terroristes
L'histoire est mobile
À tort et à raison
Mais au bout de la table
A-t-on le droit à toute la fable
Mon appétit danse avec un SDF
Sur une terre de moins en moins comestible
Entre les extrêmes expansibles
N'y-a-t-il pas un juste milieu
Point difficile à maintenir en équilibre
Lorsque le vent mauvais tourbillonne
Autour de girouettes
Narcissiques et perverses
La bouche blindée de cacahuètes
Au fond de la salle
J'aperçois une brune
Deux yeux noirs
J'aime cette lueur répandue
Le désordre de ses cheveux
Elle montre son cœur sensible
Comme a écrit Verlaine
Je rends grâce à la nature
D'avoir fait de son cœur un GPS
Sa beauté servir de gage
À tous mes fantasmes
Redonne-moi le goût de vivre
Mes vers te couronneront
Et mon amour te servira
Entre deux nuages de fantaisie
Au-dessus d'une plaine fertile
Tant de morts pour rien, quelle tristesse ce poème et la suite est égale au début, voir ce monde se pourrir et ne pouvoir rien faire pour changer les choses. Bientôt nous serons obligé de nous bouffer entre nous car il n'y aura pas assez de nourritures pour tous
RépondreSupprimeramitiés à toi du loup
Soleil vert
SupprimerSourire
RépondreSupprimerMerci encore du pur James
Douce fin de journée poète
Amitié
le Monde change mais les guerres tueront toujours
RépondreSupprimerdes victimes innocentes ...
Hommage et respect aux Poilus et à tous les soldats
morts pour défendre les convictions des politiciens !!!
Merci pour ce partage
Bonjour à vous et Belle fin de journée ☺
Merci à l'anonyme inconnu
Supprimerémotion et colère en vous lisant
RépondreSupprimerquelle plume
La plume comme le pinceau ou la voix est là pour ceux qui n'ont pas la « chance » de pouvoir j'exprimer
SupprimerLa harpie du pie-art
RépondreSupprimerElle tenait de la pointe de l’ongle
Un petit toast divin
Un souchi quotidien
Et secouait sa chevelure blonde
Sous les narines du mandarin
N’est-ce-pas wonderful
Cet art qu’on a pour rien
Le mandarin déchu
Jetait ses yeux très loin
Sous-entendant l’appel
De Ninita Silence
Qui priait Viens Viens
Elle tourna les talons
Il tourna son veston
Et vit al horizhonte
Ninita toute rose
Dans son pavot tout rond.
Réfugié dans mes commentaires
SupprimerMagistral et superbe, c'est difficile de quitter ton texte avant d'en avoir lu le dernier mot, tant de fantômes dans les familles hurlent de chagrin en silence. Ils ont donné leur vie pour un monde qu'ils voulaient meilleur pour nous....
RépondreSupprimerFermer les yeux sur ce monde pourri d'égo surdimensionnés et façonnés dans le moule de l'individualisme pour ne plus voir que son amour.. c'est peut-être la seule façon de survivre
j'adore littéralement !
Pour citer Tagore : Nous arrivons à manger de la chair animale uniquement parce que nous ne pensons pas à la dimension cruelle et coupable de cet acte
SupprimerMagistral, quelle force et quelle ironie face à cette connerie guerre qui revient à l'infini.
RépondreSupprimerComme si tous les morts de toutes les familles étaient tombés pour rien de tous les côtés.
Et cette flamme d'amour à la fin, ultime lumière. Mais quelle lumière.
Vraiment superbe. De tous tes textes, c'est un de mes préférés.
Il faut attendre la suite... L'âme du poète danse et plane
Supprimercoup de coeur
RépondreSupprimerComme tu es heureuse que ton amour ait encore la simplicité de l'aube
Supprimermagnifique
RépondreSupprimeren cent ans le monde est devenu horrible
d'une horreur autre que la guerre
de l'indignité du non-sens
de la dégénérescence
et le soleil noir des yeux de l'amour vient éclairer la fin
Magnifique poésie sur ces p... de guerres qui n'en finissent pas de décimer et que l'on commémore sans cesse et pour cause : une chasse l'autre. Tes mots sont très forts pour exprimer ce ras-le-bol et ces exactions en tous genres
RépondreSupprimermerci pour ce splendide hommage rendu à nos poilus et autres combattants de notre triste planète qui se battent sur tous les fronts pour notre liberté
Gros bisous et belle soirée
Lucienne
Tout ce que tu feras sera dérisoire, mais il est essentiel que tu le fasses
Supprimerhommage vibrant... hélas jamais guerre ne sera la dernière !
RépondreSupprimerTrès émouvant !
RépondreSupprimerJ'aime d'abord ton image .
RépondreSupprimerEnsuite le texte aux extrémités si sensibles
si vraies et même triste .
La guerre existe toujours en ce bas monde, sauf qu'elle est bien cachés
au milieu des belles "révérences" qu'on nous fait.
Un plaisir de te relire .
SupprimerMerci d'avoir lu
Exemple d'une lettre d'un poilu...
(Source : http://www.archives71.fr/article.php?laref=139&titre=lettre-d-un-poilu)
Transcription conforme à l'original
Mercredi 29 septembre 1915
Ma chère Louisette,
Je t'ai promis, presque solennellement, de te dire la vérité ; je vais m'exécuter, mais en revanche tu m'as donné l'assurance que tu aurais les nerfs solides et le coeur ferme.
Je suis depuis ce matin dans des tranchées conquises depuis 2 jours, l'ensemble de ces tranchées et boyaux forme un véritable "labyrinthe", où j'ai erré 3 heures cette nuit, absolument perdu. Les traces de la lutte ardente y sont nombreuses et saisissantes ; et d'abord elles sont plus qu'à moitié détruites par l'ouragan de mitraille que notre artillerie y a lancé, aussi sont-elles incommodes et horriblement sales malgré les réparations urgentes que nous y avons faites ; tout y manque : l'eau (propre ou sale), les boyaux, les latrines ; elles sont à moins de 200 mètres de la 1ère ligne ennemie, avec laquelle elles communiquent par des boyaux obturés ; elles sont parsemées de cadavres français et allemands ; sans presque me déranger j'en compte bien 20 figés dans les attitudes les plus macabres. Ce voisinage n'est pas encore nauséabond, mais il fait tout de même mal aux yeux ; ce matin, à 5 heures, nous arrivons mouillés et harassés, et j'entre dans le premier abri venu pour me détendre, j'avise une bonne planche, m'y étends, la trouve moelleuse, mais 5 minutes après je m'aperçois qu'elle fait sommier sur 2 cadavres allemands ; et bien, crois-moi, ça fait tout de même quelque chose, au moins la 1ère fois. On marmite fort tout autour de nous et vraiment c'est parfois un vacarme ; déjà je ne salue presque plus.
Le mal n'est pas là ; il est surtout dans le temps qui est affreux ; depuis 3 jours au moins, les rafales de pluie succèdent aux averses ; les boyaux sont des fondrières inommables, où l'on glisse, où l'on se crotte affreusement ; aussi suis-je sâle au superlatif, au moins jusqu'à la ceinture ; mes mains sont boueuses et les resteront jusqu'au départ ; mes souliers sont pleins d'eau ; heureusement le corps est sec, car l'air est presque froid et le ciel livide. Autour de moi les gens font une tête ! Il nous faudra beaucoup de patience et de moral.
Nous sommes coiffés du nouveau casque en tôle d'acier ; c'est lourd et incommode, mais cela donne une sérieuse protection contre les éclats de fusants et contre les ricochets, aussi le porte-t-on sans maugréer. Nous avons aussi tout un attirail contre les gaz asphyxiants. Mais nous serons mal ravitaillés : un seul repas, de nuit, qui arrivera froid le plus souvent ; et cela s'explique à la fois par la longueur des boyaux et par la difficulté de parcourir une large zone découverte.
A ce tableau un peu sombre mais véridique il convient d'ajouter deux correctifs ; d'abord nous aurons un rôle défensif, nous sommes chargés de mettre en état le secteur très bouleversé ; ensuite les Allemands contre-attaquent peu, par suite du manque d'effectifs et de l'état de leurs affaires en Champagne. Pour ces 2 raisons, il se pourrait très bien que nous n'ayons pas à les regarder dans les yeux ; c'est d'ailleurs le voeu unanime ici.
Ma lettre va t'arriver en pleine période de réinstallation et de soucis ; j'essayerai d'en prendre ma part de loin ; cela me distraira et me fondra un peu plus avec vous. Je te souhaite du calme et du courage pour triompher de ces petites difficultés.
Tu sais combien je t'aime et quels tendres baisers je t'envoie, partage avec nos chers petits.
(signé) Déléage
P.S. J'approuve absolument ta décision relative à la gentille offre de Catherine.
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Bonsoir sir James, volapuc, coq à l'âme, "Voyage au bout de la nuit" de Tardieu[, les Monty Pithon, la famille à dent.
RépondreSupprimerCa t'as fait du bien c'est le principal... L'ensemble tiens la route
C'est une façon de voir la chose comme a dit Gandhi « Le bonheur c’est lorsque vos actes sont en accord avec vos paroles. »
Supprimer
RépondreSupprimerExtrait: " Apollinaire fut blessé au front en 1916 par un éclat d’obus à la tempe alors qu’il était en train de lire dans sa tranchée. Il succomba deux ans plus tard de la terrible grippe de 1918. Jugeant que sa blessure l’avait affaibli, on reconnut cependant le sacrifice fait à la Nation. Résumons donc : né d’une mère polonaise et d’un père italien, Apollinaire est mort pour la France d’une grippe espagnole ! "
ça n'a peut être peu à voir, mais cela en dit long sur l'état d'esprit de l'époque. Les hommes, même le poète, vivaient la réalité de leurs convictions.
PierreJ.
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Grandiose !
RépondreSupprimerJe ne pourrais que reprendre mot à mot ce que j'ai lu dans les commentaires de nos amis.
tu devines et je trouve ce que tu ne cherches pas
SupprimerTout n’est qu’histoires au fond James. Nous passons du sombre au lumineux, du doute à la certitude, du désarroi à l’amour comme nous changeons de chemise. Mais que savons-nous vraiment de l’Histoire, celle qui nous permet d’être au monde là ? Beau poème, très beau poème !
RépondreSupprimerPoème très poignant, merci à vous James de savoir choisir les impressions et les souvenirs les plus marquants, dans ce poème si éloquent qu'il m'a fait vibrer d'émotion.
RépondreSupprimerJacou... Tant de sacrifices par orgueil... Et on recommença recommençons recommencerons
SupprimerAcéré dans l'atroce et l'impressionnant !
RépondreSupprimerUn appétit poétique qui semblait venir tout en contrat cette histoire "mobile", sans besoin de GPS... merci james
Yuba... Une déferlante à la fois si lointaine si proche que son écume te colle à la peau jusqu'à te tatouer d'invisibles sensations qui t'insurgent à chaque événement tragique et injuste...
SupprimerDes mémoires surgissent Notre histoire.
RépondreSupprimerOublier, ne pas oublier, pour que plus jamais !
Joliment écrit
Amitiés
daniel
lefebvre... Oui de grand mot de belle citation mais l'homme a une caractéristique unique c'est qu'il sait se parer d'un doux cynisme le rendant
Supprimerl'animal le plus serial killer de la terre... On commence avec les fourmis pour finir avec ses semblables. Et tout ça pourquoi, on le sait !