Où mon dernier mot
Entrechoquera vos lèvres
Interstices
Aux interrogations innombrables
Mon noir
Est antérieur à la lumière
Sous la lumière
Est né mon amour
Antérieur pour chacun de nous
Avant d’avoir vu le jour
Cette notion d’origine
Est-elle la raison
Pour que le noir
Nous expulse si puissamment
Mon visage a surgi du noir
Dans cet extrême
J'ai vu en quelque sorte
La négation du noir
Et du sombre
Rayonne une clarté
Une lumière picturale
Dont son pouvoir émotionnel
Anime mon désir de lui écrire
Et de l’aimer sans encre
J'aime
J'aime la couleur violente
Qui incite à l'intériorisation
Pour mieux m’extérioriser
Mon instrument n'est plus le noir
Mais cette lumière secrète
Venue du noir
D'autant plus intense
Dans ses effets qu'elle émane
Je me suis engagé dans cette voie
Toutes les autres
Sont de subtiles illusions
Aussi bien
Les douces teintes du couchant
Ou du feuillage des bois
Que le velours doré
Des ailes de papillons
Ou les seins d’une jeune fille
Rien de tout cela
Ne fait partie intégrante des choses
C'est un simple enduit
Et toute la divine nature
Est simplement peinte
Le mot qui désigne l’amour
Ne rend pas compte
De ce qu'il est réellement
Univers ou trou noir
Je crois tellement à l'après
Que j'ai souvent de l'avance
Par curiosité
Est-ce la raison pour que le noir
Attire si violemment
Ma langue sur vos calvaires
D'angoisses et de chairs
J’ai tenté d’expliquer
Mes déambulations
Aux pierres du mur des songes
Elles se sont tues
Par manque d'imagination
J’ai tenté de l’expliquer
Au pré vert de mon enfance
Il a perdu l'encre
De sa respiration
J’ai tenté de l’expliquer au jardin
Qui me sert de tremplin
Il m’a retourné la question
Tout simplement
Tu sais
À l'autre bout du monde
Il y a des lieux
Où des trèfles à quatre feuilles
Sont sculptées par des mains en ors
Et déjà sais-tu
Ce qui nous lie est là
Sous nos yeux
La libellule salue l'homme
Sur un ruban de soie
La comédie à bord
Prend fin à la commissure
À l'abri de la censure
Sur le noir d'une orange pressée
Un matin ordinaire
Sur le noir d'une vue imprenable
Un jour de neige qui jongle
Entre cils et nombrils
Sur le noir d'une robe froissée
Aux floralies éternelles
Aux courbures ascensionnelles
Sur le noir d'un sourire
Le temps d'un baiser fauve
Sur une griffure d'aveu
Sur le noir d'un air invisible
À l'aurore d'un mouvement enfin
La clé est dans le noir de la serrure
Je vais la tourner
Et la jeter avec toute la cargaison
De rêves inachevés
La jeter dans le noir absolu
Où le hasard l'emportera
La jeter au bout du monde
Pour l'égérie indécise de mes fantasmes
Pour celles et ceux par chance
Écumeront ma lumière
Après dix ans d'écriture
Consacrée par trois bêtises par semaine
Je stoppe l'hémorragie cérébrale
Je suis épuisé
Ma toile est percée
Mon sexe ne se noue plus à ma voilure
Je vais passer à autre chose
Revenir à mon GPS symbiotique
Pour ne pas perdre la lumière noire
De mon amour
Poésie je ne t'oublie pas
Je te quitte
Tu reviendras
Au noir désir
Par la voie d'une fibre optique
M'éclairer à nouveau
Dans deux jours
Dans dix ans à jamais
Par les fissures d'une malle voyageuse
Qui referme toute ma vie
Ceux qui me détestent
Seront heureux de ressentir
Ce qui leur est propre
Ils ne peuvent pas s'en détacher
Ceux qui m'aiment
Seront s'attacher
À l'eau noire de mes pensées
À mes orages
Le temps des cerises
Au milieu de la prairie
Des feuilles mortes
Dans mon pot d'encre et divers
À l'alpe pure
Mon double n'a aucune ambition
Si ce n'est la grande prétention
D'être poète
Le temps n'aura plus de raison de me noyer
Au pied du saule pleureur
Aucuns dons
Juste un abandon
Me destine à porter l'eau du puits
À l'aide d'une passoire
De vers en vers
Oligo-éléments nécessaires
Au sel de la vie
Ce soir j'ai à nouveau saisi
L'envie de vous écrire
Dans le silence des elfes
Un air de mots dédiés
Je ne vais pas mourir
Comme une fleur sans haleine
En plein soleil
La pluie réfléchira
Toujours votre présence
Sur la flaque qui me sert de miroir
Sur le noir de ma mélancolie délicieuse
Cachée sous ce qui nous lie
À ce qui nous lie à jamais
À ce noir immatériel
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RépondreSupprimerUn référendum pour ou contre le retour du printemps...
SupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerDans le bon sens du poil
Supprimerl'autre noir de Soulages - parfait
RépondreSupprimerÀ Minuit le noir est dans son récipient insulaire offert à la lumière divine...
SupprimerJ'ai pensé tout de suite à soulages quand j'ai lu ce texte magnifique et à voir aussi son abbatiale de foy à Conques, un vrai hommage à la lumière divine avec ces vitraux.
Supprimerj'aime le noir et ses différentes variations! je m'habille souvent en noir mais tous mes vêtements ne sont pas du même noir! il a de multiples nuances de noir!
RépondreSupprimerune envolée à la James!!!
RépondreSupprimerc'est vraiment GEANT!!!
bravo
amitiés
RP
Dans le noir, rien ne sombre.
RépondreSupprimerBeau partage. Merci
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RépondreSupprimertu peux toujours écrire des épitaphes sur la tombe aux mots vivants, on écrit aussi avec nos yeux des poèmes sur le cahier des horizons qui tournent, nous ne sommes que poètes traducteurs de poésie sans mots, j'ai bien aimé l'intériorisation Pour mieux s’extérioriser, et puis le noir n'est qu'une page blanche...
RépondreSupprimermerci pour top lecture
signé la clef des champs
Très beau ce poème, les mots sont bien choisis. Pat
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