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La poésie est une suspension qui éclaire le monde. Un puits sans fond pour puiser sans pareil la panoplie humaine des émotions. J'essaie sans piquer la recette aux éloges, d'écrire de la poésie ou tout du moins m'approcher de ce qui me semble être de la poésie. Me lover à cette matière à la fois sibylline et mouvante, Sibylline parce qu'elle me parle le plus souvent dans une langue étrange et mouvante parce qu'elle me semble incontrôlable. Dans la mesure de mes capacités, j’essaie d’être celui que je veux être. Être le témoin de ce qui m'habite et de ce qui m'entoure. Je suis juste quelqu'un qui a besoin de s'exprimer avec ce que la vie souhaite me laisser croire et partager.

Vous trouverez sur ce blog toutes mes humeurs poétiques, de la poésie plus ou moins libre selon l'état d'esprit du moment...

« Une poésie n’est-elle pas le seul endroit au monde où deux âmes étrangères peuvent se croiser intimement. »

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Les écrits et les illustrations numériques sont de ma plume. Certaines de mes illustrations utilisent des photos lors de mes montages graphiques dont j’ignore les auteurs ; je reste dans ce cas ouvert pour les indiquer. Il peut arriver aussi qu'un vers se glisse et qu'il ne m'appartienne pas, par pur hasard ou pas, je l'indique lorsque je pense qu'il en est nécessaire. En bas du blog, il y a les liens concernant ceux que j'aime suivre... Attention je ne tiens pas à jour tous les liens... Et souvenez vous que la poésie est une suspension qui éclaire le monde !

Toutes les fautes d'orthographes sont corrigées au fur et à mesure des rencontres... Et toute ressemblance avec des personnages existants serait purement fortuite

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mardi

Elle s'appelait Mélodie

Immobile, meurtri et tiède son dos se collait sur le fragment d’un mur sombre de l’hypocrisie, les yeux rouges, les cils collés, ses larmes avaient cessé de couler sur ses joues flétries d’inquiétude, de haine et de culpabilité ; ces cris étaient devenus silencieux alors que la douleur était toujours mordante sur son corps, cinglante dans son cœur et destructrice dans son âme. Elle seule connaissait son malheur.
N’avait-elle pas le regard doré ouvert sur la vie et plein d’avenir ? La vie d’une adolescente à l’orée d’un fabuleux destin, chevauchant les chemins d’une campagne vierge et élégante, cadré d’un horizon printanier, de fleurs, d’arbres et de senteurs.
Et pourtant, elle referma ses yeux sur ses plus beaux souvenirs. Elle referma ses yeux sur ses bonheurs passés. Mais surtout, elle s’échappait de l’enfer d’une vie qu'elle n'avait pas choisie et qu'elle avait fini par détester.
Elle de répétait : « Je la déteste, je la déteste, je veux mourir… Mourir pour oublier, pour l’oublier. »

L’enfer l’avait fouettée jusqu’au sang, lorsque la première fois, elle avait senti se balader en elle la queue du diable…

Sous ses paupières alourdies par ses cauchemars, elle sentait jour et nuit ses bras enserrer sa taille, son nez se nicher dans son cou, son souffle vieillissant soulever une mèche brune de sa chevelure... L’horreur était là, contre elle, comme une pièce mécanique coincée dans un étau qui serre de plus en plus fort ; un étau qui ne vous quitte plus ; un étau qui vous blesse de la tête aux pieds ; un étau qui vous serre la gorge ; un étau qui vous étouffe ; un étau qui vous assassine lentement d’une pression récurrente le temps d’un soupir nauséabond. Et l’étau se desserre, elle ne comptait plus ses blessures, ses brûlures, ses humiliations et ses gifles. Elle était prisonnière du mensonge de la honte d’une omerta qui noyait l’atmosphère dans une stérilité de dialogue et qui enfermait à double tour toutes tentatives de fuites verbales et physiques. Elle ressentait cette brûlure en elle comme si elle était coupable, ce qui l’enfermait dans le mutisme et la culpabilité, dans un ignoble engrenage tortueux. Et seule, elle mâchait sa haine, l’avalait jusqu’à s’écrouler sur un sol tristement baigné d’humidité, tâché de sang et de sédiments impurs.

L’enfer l’avait condamnée à vivre, lorsque la dernière fois, elle avait essayé de fuir la queue du diable qui devenait de plus en plus oppressante…

Elle le respirait, imprimant dans son corps la trace de ses violentes caresses, de cette liqueur aphteuse, de cet amour infâme... Sa bouche émettait un léger gémissement, son bassin se pressait contre ce ventre diabolique, qu'elle haïssait au-delà de toute imagination même les plus fécondes. Plus elle le repoussait, plus il l’attirait contre elle, ses gémissements devenaient des coups de poignard qui lui déchiraient les entrailles ; où son corps devenait aussi dur qu’une pierre sous ces coups incestueux et bestiaux....
Elle sentait contre elle, cet organe qu'elle vomissait mais qui vivait en permanence dans sa chair... Cette chose immonde qu'elle fuyait, la violait au plus profond de son intimité. Cette abomination intrusive, s'invitait parfois là où elle ne l'attendait pas.
Un jour de mai quelque part, un endroit commun sans histoire, c'est dans un cri unique qu’elle tirait, dans un cri unique que l'explosion libérait à jamais sa vie de l’enfer....

La vie l’a expédiée en enfer, lorsqu’elle a perdu la foi, elle n’avait jamais parlé à personne de la queue du diable… Juste un mot flottait au-dessus d’elle : « Je la déteste, je la déteste, je veux mourir… Mourir pour oublier, pour l’oublier. »

Elle s’appelait Mélodie, Mélodie inceste.

30 commentaires:

  1. EmelleJiejuin 05, 2012

    Merci James...

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    1. C'est une première. Alors qu'il n'existe aucune véritable statis­tique sur l'inceste en France, une association de victimes veut briser le tabou en publiant une enquête de victimation sur ces abus sexuels. Selon cette dernière, 3 % des Français déclarent avoir été victimes d'inceste...

      « Près de 2 millions de personnes sont concernées, selon ce sondage.»

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  2. Ces hommes sont des monstres et je me demande pourquoi on les castre pas, voire les tuer! si cela les gêne à ce point, il n'y aurait plus de problème.
    Ces pères ignobles ne méritent pas ce nom!
    Ils imposent la haine, la peur, le dégoût de la vie!
    Un texte bouleversant pour ces incestes tellement nombreux!
    A quoi servent les services sociaux, ne pourraient-ils pas être vigilants avant qu'il ne soit trop tard!

    Bisous James

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  3. Pierredesvignesjuin 05, 2012

    c'est violent !

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    1. La vie est violente si on prend le temps de l'observer et de la comprendre mais elle est aussi belle et c'est pour ça qu'il faut réagir pour vivre heureux et rendre heureux ceux qui en ont besoin...

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    2. Pierredesvignesjuin 07, 2012

      Avec les moulins sans vent du site les salauds ont de beaux jours devant eux !

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  4. comme guérir le mal par le mal

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    1. Il n'est jamais trop tôt pour dénoncer mais toujours trop tard pour réparer...

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  5. gaellucciajuin 05, 2012

    C'est très émouvant et fort

    Bravo merci à toi James

    Emma

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    1. Il y a des choses légères et d'autres pesantes le tout est de ne pas s'écraser les pieds... et de garder le cœur et l'œil ouvert.

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  6. Même si elle avait parlé ...
    même si son âme s'était libéré jamais elle n'aurait pu affronter ses peurs son dégout sa chair blessée ...autrement que dans le dégout d'elle même .; qu'elle serait peut être encore là ...peut être...
    il est vrai que ce phénomène est présent que des gens savent et ne disent rien que les victimes se murent dans le silence que les témoins muets encouragent ce genre de sévices
    que leurs cris sont étouffés par ceux qui leurs ont donné la vie .
    Le monde sait être cruel et aucune statistique ne brisera le tabou ...
    Nous ne pouvons rien contre cette lâcheté collective
    Les chiffres parlent mais ne changent pas les choses
    L’humiliation, la souffrance mis en pourcentage ….

    Prise de conscience et vigilance sont les priorités de ce fléau…
    mary

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  7. Je ne comprendrai jamais comment un père peut faire ça à sa fille.
    C'est la dernière des ordures un mec pareil, il ne mérite pas de vivre, on devrait lui couper et la faire bouffer aux poissons carnivores sous ses yeux.
    Ton texte est superbe James, révoltant dans ce qu'il dénonce, à donner la chair de poule devant une réalité aussi abjecte mais superbe.
    Bisous

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  8. Marie-Rosejuin 06, 2012

    Waouuuu une plume qui remue ...qui frappe ...qui torture le lecteur ...dans ces mots aux coups acérés ....

    Un récit "brut de bru"t ....qui sent le nectar de pourriture


    Chapeau tout simplement ....on risque de se souvenir de Mélodie

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  9. violette_juin 07, 2012

    Seinfonie en viol

    Sa musique est interne
    Ils ont cousu sa bouche
    Quand elle voulut crier
    L’accordéon des tripes
    Alors s’est replié
    Et depuis en sourdine
    En muette
    Elle chantonne lancine
    Cet opéra-déchire
    Dont le verbe fait chair
    Enfante le délire

    Sa musique est intime
    Elle est disharmonique
    Elle contrecarre en ut
    La divine douleur
    Qui fit de son enfance
    Un cauchemar sans fin
    Elle chantonne lancine
    Ce cri qui déchira
    Son corps du haut en bas
    Sa cantate enfantine

    Alors elle replia
    Ses ailes en cocon
    Sur un air de rêvage
    Qui tourne dans sa tête
    Et qui jaillit la nuit
    Quand ses sens en éteinte
    Ne la surveillent plus

    La seinfonie du viol
    Chantée lèvres cousues
    Par un chœur virginal
    Intact de son refus
    Qui un jour sortira
    Eclatant et dispers
    Les oiseaux se tairont
    Ecrasés de terreur
    Et elle s’envolera
    Lit-vide
    Sur son cheval-fureur.

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  10. ROSEDUDESERT1910juin 07, 2012

    Une histoire que tu nous a raconté avec tes mots. Puisse-t-elle l'oublier. ROSE

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    1. Un fait divers sans histoire à l'abri des messanges l'imonde perpétue la tradition de la bouche cousue même si parfois une note plus aigue sort des murs de l'enfer dans la rue... Faut-il avoir l'ouïe fine le cœur a porté de main et les couilles en place pour risposter et déposer sa main courante...

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  11. merci James, smile.

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  12. Je le connais celui-là... Et le reste

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  13. Petrucyranojuin 07, 2012

    ...de la honte, d'être homme.
    ...de la compassion impuissante, pour Elles.
    ...de la peur, pour mes deux filles lointaines.
    ...de l'indignation, face à l'omerta.
    ...de la tendresse, à toutes celles qui sont confrontées de près ou de loin à ce fléau.

    Un panel (incomplet) des sentiments qui m'ont parcourus à cette terrible lecture.
    Merci, James, de cette sensibilisation

    Amitiés JePoétique

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  14. Fort mais glaçant.

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  15. La souffrance d'une femme qui met les nerfs à fleur de peau tant tes mots sont violents.

    Combien de femmes doivent supporter ces instants horribles quand d'amour il n'y a pas !

    Comme l'écrit Marie-Rose," on risque de se souvenir de Mélodie"

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    1. Il y a là à côté des êtres qui souffrent dans l'apparence joyeuse, comme si ils portaient des habits pour les maintenir debout... Mais parfois derrière une fermeture éclair, la vie coince !

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  16. Alphonse BLAISE.juillet 10, 2012

    Un texte qui frappe par ses images de violences et de dégouts....
    une réalité horrible en contradiction avec le joli prénom de Mélodie...

    Alex

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    1. Merci d'avoir lu ce texte.

      La violence s'installe, devient une habitude, une mélodie du vice, et rare, sont les issues à travers lesquelles de jolies notes de musiques sortent avec harmonie de ses bouchent cousues. Et terminer l'enfer, l'esprit s'envole dans une nouvelle souffrance, celle de la honte d'être victime.
      Bref...

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  17. galateabelgajuillet 10, 2012

    Et pourtant, elle referma ses yeux sur ses plus beaux souvenirs. Elle referma ses yeux sur ses bonheurs passés. Mais surtout, elle s’échappait de l’enfer d’une vie qu'elle n'avait pas choisie et qu'elle avait fini par détester

    Une incroyable tristesse pour toutes et tous ceux qui ne peuvent choisir leur vie....

    gala

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    1. C'est la moitié de l'humanité qui ne choisit pas mais Mélodie n'est pas isolée, je ne connais pas les chiffres et puis un chiffre reste un chiffre, il ne représentera jamais l'être dans sa peine profonde dans son désespoir incurable !

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  18. Un texte réalité qui frappe, qui pénètre, et après lecture, on a ces mots qui martellent notre esprit...
    Combien de personnes se promènent dans la vie comme des clowns joyeux mais qui derrière leur masque ont la chair lacérée!
    Bravo pour Mélodie!

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