Elle marche comme un pénitent, elle marche car il est encore temps, elle marche sans savoir depuis combien d'années, combien de mois et de semaines, mais elle marche.
Elle marche le regard fuyant vers le néant, vers le cimetière des éléphants à travers vents et marées, sans chercher la croix ou la bannière, mais elle marche.
Anthracite, la nuit tombe à l'Est, et s'accroche à sa peau ; elle la subit en évitant les miroirs boueux et gras qui recouvrent ce chemin mortel, sans itinéraire précis, d'une femme qui n'arrive plus à se projeter dans l'avenir. A cet instant, dans cette obscurité qui s'épaissit pour atteindre le noir absolu, elle semble si peu de chose sur cette voie sans issue. Se serait-elle perdue ?
Elle avance sans savoir où elle va, mais elle avance, comme tout le monde, seule jonchant les vivants et les morts.
Et soudain, par chance ou persévérance, elle voit une échelle en bois immobile devant elle.
Une échelle parsemée de feuilles sèches et rougies par ce temps gris sans couleurs baignant dans le sang ; une échelle façonnée par la main d'un être torturé, lui aussi, ou perdu comme beaucoup dans ce monde sanguinaire.
Pourquoi cette échelle est-elle plantée là, au garde-à-vous, les pieds dans la boue et la tête dans les nuages ?
Elle attend peut être une main pour se sortir de ce bourbier et un ouragan d'amour pour lui offrir un dernier souffle d'espoir de fuite ou d'attache.
Aimerait-elle être regardée, embrassée et touchée par cette âme oubliée au bout de ce chemin qui débouche sur le paradis, pour celui ou celle qui a encore gardé la foi ?
Et l'échelle lui tend ses mains, sans aucune hésitation elle s'agrippe, les mains serrées sur ses branches recouvertes de nombreuses ramifications, à travers lesquelles elle voit le sang couler vers un cœur énorme qui bat à l'unisson. Ses phalanges tendres et fermes la conduisent vers une émergence située sous une immense alvéole étoilée aux odeurs d'épices particulières ; des odeurs à la fois piquantes, douces et parfumées, celles qui créent l'envie de liberté, d'amour et de bonheur.
L'échelle s'enfonçait-elle vers un pays à bout, en guerre en perdition, où la faim la corruption asservissaient une femme seule effrayée épuisée sans porte-voix.
Et dans une flaque d'eau, elle aperçoit une réminiscence de son enfance issue d'un nid guerrier, devenue clandestine avec un avenir à huis-clos et propulsée aux quatre vents sur les flots.
Elle était prisonnière à même le sol, proche d'un piédestal, où une araignée rouge au cœur noir du haut de son astre dirigeait cette cérémonie guerrière, ses toiles abandonnées construisaient une junte céleste infranchissable.
Et de l'autre côté de l'échelle touchant les nuages et l'ouragan, cet enfant a ce rêve de rencontrer un pays d'adoption, de la nourriture à profusion. C'était pour lui une envie, un manque, un vide évident en planque. Et à l'Ouest, une femme égarée déchue sans enfant, un coeur chantant sur la rive des sanglots avait un rêve, elle aussi. Et ouvrant à Dieu ses ailes à l'orphelin, elle reçoit un jour la grâce d'une colombine recouverte de boue. C'était elle, cet enfant venu de l'Est !
L'aventure de ces deux inconnus qui ne se connaissaient pas, celle portant à jamais le voile au coeur de tes souvenirs d'enfant et elle que tu aimes appeler maman les jours de grand vent, t'a enveloppé un soir d'hiver dans ses bras. Deux destins, deux vies sur ton chemin. L'une fut ta bonne étoile et te délivra ce besoin d'amour, l'autre est ton soleil éclairant ta route comblant tes manques sans détours.
Là-bas ton arbre a pris racine et t'a transmis tes dons ; ici tes branches fleurissent en t'offrant une dimension, te protège et t'illumine.
L'une fit naître en toi l'émotion sous l'échange de vos premiers rires, l'autre calme tes angoisses de Cendrillon séchant tes larmes sans rien dire.
Aujourd'hui ne cherche pas à savoir pourquoi tu es une artiste, heureuse ou triste. Ne cherche pas à savoir pourquoi tu es une femme libre, affirmée ou sur un fil en équilibre car le temps dessine l'amour et demain sera un autre jour.
Rien ne peut vraiment marcher si l'on songe à tout ce qu'il faut pour que cela marche.
Alors, si tu es d'accord, aime, aime comme j'aime, aime la vie tout simplement sans te poser de questions.
Aime et marche tout droit peu importe l'horizon car il n'y a pas mieux que le regard et le toucher pour savoir où on en est.
Aimer la vie sans se poser de question, qui de toutes façons n'auraient pas de réponse.Alors là c'est une ligne de vie que j'approuve et que j'adore.
RépondreSupprimerC'est un très beau texte, triste d'un certain côté et en même temps un appel à vivre.
Amitiés.
Oui...
RépondreSupprimerMerci James
trés beau texte
RépondreSupprimermerci du partage
nature
Belle soirée
RépondreSupprimerPatricia
kissine
RépondreSupprimerMerci.
Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir.
si telle est la vérité qu'elle soit sienne! mais n'avons-nous pas chacun la notre?
RépondreSupprimerNature
RépondreSupprimerC'est l'échelle du temps avec les hauts et les bas la chance la rencontre le questionnement la marche à suivre pour être heureux et faut-il tout programmer pour réussir son parcours ...
etcetera
merci
bonjour James
RépondreSupprimerRiche, dense....utile....
merci
alain
De belles retrouvailles!
RépondreSupprimerMerci James!
J'aime
Belle journée
Sylvia
Patricia
RépondreSupprimerCette citation si elle est de moi je me fais moine et vous bonne sœur quoique vous n'en n'êtes pas loin ...
Un dernier lifting !
Et hop ... de Barbidoux à Barbidur !
Mistral gagnant !
RépondreSupprimerBonjour et merci James, une belle journée, Emelle.
RépondreSupprimerAlain
RépondreSupprimerIl me semble que les hommes savent l'utilité d'être utile, mais savent-ils reconnaitre l'utilité d'être inutile !
Car je dirai plutôt que mon texte est inutile ... Pour la plus part des hommes ! Mais ....
BARBIDOUX surement dans vos plus terribles cauchemars
RépondreSupprimerBARBIDUR......????
ça ......on va demander à Miss Moneypenny ..elle se fera surement un plaisir de répondre !!!!!:D :D
C est vous qui vouliez un dernier lifting il me semble non ??? :))))))))
Bonne journée M'Sieur James..
Magnifique texte et surtout de magnifiques images, j'aime cette échelle d'espoir et cette rencontre entre deux personnes perdues en manque de vie et d'amour.
RépondreSupprimerIl y a un ascension très nette du désespoir entre ce moment où tout semble perdu et cette issue qui amène enfin le bonheur.
J'aime beaucoup!
Bisous James
Dans la vie il y a toujours une petite sortie avant la grande ... Il suffit de vouloir l'attraper avant l'autre !
SupprimerOui Ilebleue ... La tête dans les nuages sort toujours les pieds de la boue !
RépondreSupprimerMerci Katia ... la vie est une destinée avec plusieurs chemins possibles qui nous amènent tous au même endroit ...
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