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La poésie est une suspension qui éclaire le monde. Un puits sans fond pour puiser sans pareil la panoplie humaine des émotions. J'essaie sans piquer la recette aux éloges, d'écrire de la poésie ou tout du moins m'approcher de ce qui me semble être de la poésie. Me lover à cette matière à la fois sibylline et mouvante, Sibylline parce qu'elle me parle le plus souvent dans une langue étrange et mouvante parce qu'elle me semble incontrôlable. Dans la mesure de mes capacités, j’essaie d’être celui que je veux être. Être le témoin de ce qui m'habite et de ce qui m'entoure. Je suis juste quelqu'un qui a besoin de s'exprimer avec ce que la vie souhaite me laisser croire et partager.

Vous trouverez sur ce blog toutes mes humeurs poétiques, de la poésie plus ou moins libre selon l'état d'esprit du moment...

« Une poésie n’est-elle pas le seul endroit au monde où deux âmes étrangères peuvent se croiser intimement. »

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Les écrits et les illustrations numériques sont de ma plume. Certaines de mes illustrations utilisent des photos lors de mes montages graphiques dont j’ignore les auteurs ; je reste dans ce cas ouvert pour les indiquer. Il peut arriver aussi qu'un vers se glisse et qu'il ne m'appartienne pas, par pur hasard ou pas, je l'indique lorsque je pense qu'il en est nécessaire. En bas du blog, il y a les liens concernant ceux que j'aime suivre... Attention je ne tiens pas à jour tous les liens... Et souvenez vous que la poésie est une suspension qui éclaire le monde !

Toutes les fautes d'orthographes sont corrigées au fur et à mesure des rencontres... Et toute ressemblance avec des personnages existants serait purement fortuite

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jeudi

La rose blanche ...

 
Sur le rebord d’un modeste balcon, délimité par une balustrade en fonte oxydée, isolé sur une façade à l’élégance art nouveau, la vie se désagrège sous l’assaut incessant de l’oxydation et des pluies acides qui s’abattent depuis des décennies sur l’immeuble. Comme la coupelle ébréchée en porcelaine mauve, posée là, emplie de graines pour des pigeons devenus les uniques visiteurs de cet îlot perdu au sein d’une foule anonyme et assourdissante.

Au centre, trône un pot en terre cuite, signé Ravel, ultime présent de son fils défunt. Altéré par la crasse tenace et les dépôts calcaires, héritage d’arrosages répétés, le pot repose contre le cadre décrépit d’une fenêtre en bois, écaillé de larmes blanches.

Au cœur de cette poterie, une fleur agonise, dépourvue d’élan et de souffle. Serait-ce une rose ? C’est le seul panorama qui lui reste, à elle qui aimait tant se perdre dans les méandres de la nature, aujourd'hui réduite à une captivité perpétuelle derrière des carreaux ternis et une grille rouillée.

C’est dans les livres de sa modeste bibliothèque qu’elle façonne, entre les lignes, des fragments de vers, à rebours et à l’endroit, pour se divertir.

De ce vide oppressant, parviendra-t-elle à s’extirper, à fuir l’air vicié d’un temps qui s’égrène sans remous ?

Lentement, pour combler l’ennui, des éclats pâles ou vifs assaillent ou raniment son âme. Ses souvenirs resurgissent de son jardin d’enfance, où mille fleurs s’épanouissaient en harmonie chaque printemps, s’endormant chaque automne sans une once de nostalgie. Parfois, la neige drapait le sol d’un voile ouaté translucide, sous lequel elle rêvait encore de contempler la vie.

Ces lueurs fugaces hantent chaque jour davantage ses yeux gris, dont la couleur s’est depuis longtemps délavée. Seule, penchée à la fenêtre, elle fixe obstinément ce pot de fleurs abritant une rose blanche.

Ce vase, témoin de ses dernières années, a observé cette existence sombrer comme un poisson échoué sur une plage, se desséchant au soleil après une tempête, sans qu’aucune âme ne le remette à l’eau. Si elle hurlait son ennui dans le noir, personne ne l’entendrait, le monde est devenu sourd. Seule, la rose blanche demeure fidèle.

Il est vingt heures ce soir, les cloches résonnent lugubrement, le soleil s'est éclipsé sur la coupelle et le pot en terre cuite. La rose blanche se replie, laissant couler ses dernières gouttes de temps sur le visage impassible de Rosa, et puis la dame du balcon à la rose blanche disparaît, rejoignant les traces de son fils.

Elle repose désormais sous son pot Ravel, posé sur la coupelle en porcelaine, surmonté de cette fameuse rose blanche en plastique...

En vivant, ne nous laissons pas consumer par la mort !

23 commentaires:

  1. émouvante histoire , j'ai aimé te lire
    Agnès

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  2. Très émue je suis....Elevée par ma grand mère qui adorait les roses blanches et les cultivait dans son jardinet...tu as remué des souvenirs anciens mais toujours présents...un texte que j'ai lu avec mon âme...Alex

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  3. Tendrement beau et doux à la fois ..envie de lire et relire
    Marie-rose

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  4. Agnès merci pour ton message
    Alphonse BLAISE. ... un texte que j'ai lu avec mon âme...Alex ... Bon je vois que je te réveille loin sans sirène et je ne suis pas non plus marin pompier
    Merci d'avoir lu ce passage.

    James Px.

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  5. Si émouvant et si tragique... La rose blanche, dernière compagne de Rosa... Qui continue a être auprès d'elle jusque dans l'au-delà...

    Une émotion très vive à te lire ! La rose blanche a tant de signification pour moi...
    Sisi

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  6. Un texte magnifiquement bien arboré...
    Avec à chaque fois, une question que je me pose à te lire...
    Où trouves tu cette imagination.....?

    Bien que ton style reste ...
    Ton empreinte réussit toujours à trouver un paysage,
    un passage novice et d'émotions, et d'images...

    Merci pour ce partage pas des moindres...

    Bise à toi
    Amitié

    Lil"

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  7. décrépitude.... solitude.... ainsi va la vie... une vie qui se résume à un univers bien étroit.... triste histoire bien ménée dont la fin nous surprend et nous invite à la réflexion
    Nano

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  8. Merci à Marie-line toujours aussi discrète
    nano ... la fin nous surprend et nous invite à la réflexion
    Oui ben ici, il regarde leur nombril aussi, comme ailleurs, la moyenne est préservée
    Lilania ... Où trouves-tu cette imagination Dans la vie il suffit de regarder, d'écouter etc...

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  9. Lilania... Où trouves-tu cette imagination Dans la vie il suffit de regarder, d'écouter etc...
    Hum... d'accord, mais combien écoutent et regardent et ne sauraient pas écrire avec autant d'imagination? et de plus, en si peu de temps....
    Bref, bref..........ok, tu écoutes et tu regardes...
    Je tenterai de l'faire davantage!
    Bises
    Lil"

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  10. Magnifique. Un texte d'où se dégage une leçon de vie et qui nous fait profiter de chaque instant, aussi simple soit-il... Un peu comme celui-ci.

    Merci du partage et de tout l'émotion auquel j'ai eu droit en te lisant précédemment.

    Katherine

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  11. Merci pour les passagers de la rose en plastique et à

    Lilania ... C'est une histoire de temps d'âge d'appréciation ou bien j'ai du talent

    x-BrokenHeart-x ... Le pseudo est imagé, mais il y a encore deux X un en amont un autre en aval donc il y a de l'espoir au prochain carrefour peu importe la direction prise

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  12. Aurai tu peur de la mort , les rides du temps nous avalent, très cher James et le pire c'est de vieillir seul, sans bagages passés ou à venir, j'y ai vu un peu des "Des volets bleus" très beau texte ...

    Mais si tu as du talent
    Sélénaé Amitiés

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  13. Sélénaé La Louve ... Aurai tu peur de la mort ... le pire c'est de vieillir seul, sans bagages passés ou à venir ....
    La mort ne me fait pas peur c'est comment je vais mourir qui me préoccupe !
    Aujourd'hui on trouve de très jolies valises en carton mâché "bio" confectionnées par de jeunes chinois pas très cher deux euros sinon tu as la version Louis Vuiton à 850 euros mâchée par des orphelins vietnamiens ou autres orphelins selon le goût et la couleur de la lave ou du séisme ! C'est ce que l'on appelle le commerce équitable ! Au lieu de l'en-culer à sec tu mets de l'huile de palme et tout passe !
    Bref ... Et les vieux alors là on s'en fout ... Qu'ils crèvent car ils bouffent le fric de nos improbables retraites !
    Voilà la réalité ... Certes on ne voit que les belles images et on entend que les belles paroles !
    Entre les démagogues, les politiques, les terroristes, les religieux, les capitalistes la faim ne fait que commencer !
    Donc il faut AGIR aujourd'hui pour ne pas mourir seul les pieds dans la merde demain

    C'est moins poétique que la rose blanche mais le fond de ma pensée est le même

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  14. Au fur et à mesure de cette lecture, l'émotion m'a gagnée. Superbe texte, douloureux et triste mais que j'ai beaucoup aimé. L'on y découvre une grande tendresse et un grand respect pour cette vieille dame à la rose blanche.
    Merci à toi James Px,
    Blanche

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  15. J'ai pris le temps de relire ton texte de plus près et je l'ai trouvé moi aussi très émouvant. Combien sont, comme elle, à n'attendre que le jour de la délivrance?
    bravo!
    Amitiés
    Stéphane

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  16. J'ai aimé. beaucoup aimé autant pour la forme que pour le fond.
    Pour la forme parce que les descriptions de votre écrit ont beaucoup de finesse, de précision et de profondeur: il semble presque, á la lecture, voir se
    dérouler un film consacrée á cette rose.
    Pour le fond parce qu'une lecture attentive permet de déceler autant l'automne du destin d'une rose que celui de la vie en général.
    Cette rose abandonnée me fait penser, entre autres, á l'abandon de beaucoup de personnes âgées en maisons de retraite.
    La rouille prend ici l'image du vieillissement, des rides inexorables.
    Bravo pour cette émouvante nouvelle !
    Harpelise

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  17. Ho.
    Silence...
    Clari

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  18. Je ne m'attendais pas à la chute.
    Silence, parce les derniers vers l'invitent...
    Clari

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  19. Le silence est sournois et trop de silence rend sourd ...
    Merci Clari

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  20. Somptueuse description et ... chute inattendue, c'est le cas de le dire!
    Pritos

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  21. Un regard mélancolique sur une vieille dame qui vit dans la solitude et rien ne peut la raviver... La poésie peut-être , mais elle aussi a besoin au moins d'un lecteur...
    Merci pour cette prose delicate, un bon moment de lecture au final dramatique...
    Galatea

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  22. ton texte m'a ému du début à la fin...je ne peux rien dire d'autre
    Ombre

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  23. Je me dis qu'un de ces jours, peut-être prochain, je serai...
    Non secoue toi, s'il te plait, j'ai besoin de gaîté
    bises et joyeux noël
    Jouvencelle.

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